Managers : comment détecter un burn-out naissant chez vos équipes ?

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Le 14 octobre 2025
Managers : comment détecter un burn-out naissant chez vos équipes ?
3 étapes pour détecter un burn-out naissant chez vos collaborateurs. Signaux d'alerte, dialogue et actions préventives efficaces

Saviez-vous que 3,2 millions de français sont susceptibles de développer un burn-out, selon le cabinet Technologia ? Plus alarmant encore : lorsqu'un manager est en difficulté, 48% de ses collaborateurs présentent également un risque élevé d'épuisement professionnel (rapport Workday), et la confiance envers le management chute de 2 points en moyenne dans les entreprises à haut risque. Face à cette épidémie silencieuse qui place la France au 3ème rang mondial en termes de dépressions au travail (étude Securex 2017), la détection précoce devient cruciale car les employés qui bénéficient d'un manager disponible et à l'écoute ont 62% moins de risques de faire un burn-out. Psychologue clinicienne et coach à Nantes, Natacha JEAN accompagne régulièrement des équipes et leurs managers dans la prévention de ces situations de détresse. Voici un guide en trois étapes pour maîtriser la détection et l'accompagnement de vos collaborateurs en souffrance.

  • Surveillez systématiquement les 5 symptômes clés du burn-out identifiés par Mensura : épuisement physique et psychologique, problèmes de mémoire/concentration, réactions émotionnelles violentes, prise de distance mentale et physique, symptômes de dépression
  • Utilisez des outils standardisés comme le test MBI (Maslach Burnout Inventory) avec ses 22 questions réparties en 3 dimensions pour objectiver le risque de burn-out chez vos collaborateurs
  • Agissez rapidement car les employés à risque élevé sont 2,6 fois plus susceptibles de chercher un autre emploi et 63% plus susceptibles de prendre des congés maladie
  • Mettez en place une approche pluridisciplinaire impliquant médecin traitant, médecin du travail et professionnel de santé mentale pour un accompagnement personnalisé (jusqu'à 15 séances selon Qualisocial)

Étape 1 : Identifier les signaux d'alerte pour détecter un burn-out dans votre équipe

Repérer les changements physiques et émotionnels chez vos collaborateurs

Le burn-out ne survient jamais brutalement. Il s'installe progressivement, laissant des indices que tout manager attentif peut apprendre à déceler selon les 5 symptômes clés identifiés par Mensura. La fatigue chronique persistante constitue souvent le premier signal d'alerte, s'inscrivant dans l'épuisement physique et psychologique. Contrairement à une fatigue passagère, celle-ci ne disparaît pas avec le repos habituel. Vous remarquerez chez votre collaborateur des cernes de plus en plus marquées, une baisse d'énergie flagrante chaque matin, même après un week-end ou des congés.

Les troubles du sommeil accompagnent fréquemment cette fatigue. Votre collaborateur vous confiera peut-être ses difficultés d'endormissement, ses réveils nocturnes répétés ou ses ruminations qui l'empêchent de trouver le sommeil. L'irritabilité accrue devient alors inévitable : des réactions émotionnelles disproportionnées face à des remarques anodines, des crises de colère ou de larmes inhabituelles sont autant de signaux que le seuil de tolérance de votre collaborateur s'effondre (correspondant aux "réactions émotionnelles violentes" identifiées par Mensura).

Les symptômes physiques ne doivent pas être négligés. Maux de tête récurrents, tensions musculaires persistantes, troubles digestifs, vertiges ou crampes répétées peuvent tous témoigner d'un état de stress prolongé menant au burn-out. Un collaborateur qui multiplie les consultations médicales pour des symptômes variés devrait attirer votre vigilance (les employés à risque élevé sont d'ailleurs 23% plus susceptibles de se rendre aux urgences).

Exemple concret : Marie, responsable marketing dans une startup nantaise, présentait depuis 3 mois des migraines hebdomadaires nécessitant des arrêts fréquents. Son manager a remarqué qu'elle arrivait systématiquement épuisée le lundi matin, malgré le week-end. Après avoir consulté 4 médecins différents en 2 mois pour des symptômes variés (troubles digestifs, douleurs dorsales, vertiges), elle a finalement été diagnostiquée en pré-burn-out. Son manager, formé à la détection précoce, a pu intervenir à temps en réaménageant sa charge de travail et en proposant un accompagnement adapté.

Observer les modifications comportementales au travail pour prévenir le burn-out

L'isolement social représente un indicateur comportemental majeur du burn-out naissant, correspondant à la "prise de distance mentale et physique" décrite par Mensura. Ce collaborateur qui déjeunait régulièrement avec l'équipe prend désormais ses repas seul à son bureau. Les discussions informelles à la machine à café deviennent rares, le télétravail s'intensifie, et lors des réunions, il se tient de plus en plus en retrait. Cette mise à distance progressive signale un épuisement émotionnel qui pousse la personne à économiser ses ressources relationnelles.

Prêtez attention au langage utilisé. Les expressions comme "il faut que je fasse ça" ou "je dois faire ça" révèlent qu'un collaborateur s'éloigne de ce qui est important pour lui. Cette perte de sens, caractéristique du burn-out, transforme le travail en une succession d'obligations dénuées de motivation intrinsèque. Observez également les problèmes de mémoire et de concentration, symptômes clés qui se manifestent par des oublis récurrents lors des réunions ou des difficultés à terminer des tâches simples.

Les indicateurs RH quantifiables confirment souvent ces observations : augmentation de l'absentéisme, retards fréquents, baisse de performance mesurable. Selon le Baromètre Absentéisme 2023 de Malakoff Humanis, 42% des salariés français ont pris au moins un arrêt maladie, un chiffre qui grimpe significativement dans les équipes touchées par le burn-out (avec 63% plus de probabilité de congés maladie pour les employés à risque élevé). La configuration de seuils d'alerte automatiques dans les SIRH permet d'informer les managers en cas de dépassement de seuils critiques.

  • Diminution progressive du taux d'activité
  • Augmentation des erreurs et de la durée d'exécution des tâches
  • Accomplissement de moins de travail en plus de temps
  • Difficultés de concentration visibles lors des réunions
  • Oublis fréquents d'informations importantes

À noter : La France affiche l'un des taux de burn-out les plus élevés d'Europe selon l'étude du consortium Forum of Future de 2023, à égalité avec le Royaume-Uni. Cette position alarmante s'explique notamment par une culture du présentéisme encore forte et une difficulté à reconnaître les limites individuelles. Les managers français doivent donc redoubler de vigilance et se former spécifiquement à la détection précoce des signaux d'alerte.

Étape 2 : Évaluer l'impact et engager le dialogue pour détecter précocement le burn-out

Mesurer l'état psychologique du collaborateur avec des questions ciblées

L'évaluation objective de l'état mental de vos collaborateurs nécessite des techniques d'entretien structurées et peut s'appuyer sur des outils standardisés reconnus. Le test MBI (Maslach Burnout Inventory), référence internationale, comprend 22 items répartis en 3 dimensions : épuisement émotionnel (9 questions), dépersonnalisation (5 questions) et accomplissement personnel (8 questions). Le questionnaire CBI (Copenhagen Burnout Inventory) est également utilisé par les médecins comme référence pour objectiver le niveau de burn-out.

Une approche simple mais efficace consiste à demander : "Entre 1 et 10, comment vous sentez-vous inspiré aujourd'hui ?" Cette question ouverte permet de dépasser le traditionnel "ça va" de politesse et d'obtenir une mesure concrète du niveau d'engagement émotionnel. Un score inférieur à 5 de manière répétée doit vous alerter sur une possible perte de motivation caractéristique du burn-out naissant.

Approfondissez ensuite avec des questions comme "Comment vous sentez-vous au travail en ce moment ?" ou "Des tâches ou situations vous semblent-elles particulièrement difficiles ?". L'objectif est de créer un espace de parole sécurisé où le collaborateur peut exprimer ses difficultés sans crainte de jugement. Les problèmes cognitifs - oublis récurrents, difficultés de concentration persistantes - doivent faire l'objet d'une attention particulière car ils signalent souvent un épuisement mental avancé. Le monitoring continu de l'état émotionnel via des enquêtes périodiques permet de suivre l'évolution dans le temps.

L'observation des réactions émotionnelles durant ces échanges vous renseignera également. Un collaborateur au bord du burn-out aura tendance à minimiser ses difficultés ("ce n'est rien, je vais gérer") tout en montrant des signes non-verbaux de détresse (regard fuyant, posture fermée, voix tendue).

Conduire des entretiens individuels efficaces pour prévenir l'épuisement professionnel

La fréquence des entretiens joue un rôle déterminant dans la détection précoce du burn-out. Organisez des rendez-vous hebdomadaires ou bi-hebdomadaires avec les membres de votre équipe, particulièrement durant les périodes de forte charge. Ces moments privilégiés permettent de maintenir un lien de confiance et de détecter rapidement les signaux faibles. Les petits-déjeuners d'équipe chaque lundi ou vendredi constituent également un excellent moyen de veiller au bien-être de chacun dans un cadre moins formel.

Structurez vos entretiens autour de questions ouvertes spécifiques. "Y a-t-il des points bloquants sur lesquels je peux vous aider ?" invite le collaborateur à partager ses difficultés concrètes. "Disposez-vous de tout ce dont vous avez besoin pour mener à bien vos missions ?" permet d'identifier les manques de ressources, qu'elles soient matérielles, humaines ou temporelles. "Comment vous sentez-vous au sein de l'équipe ?" révèle les éventuelles tensions relationnelles qui peuvent alimenter l'épuisement. Portez une attention particulière aux collaborateurs qui utilisent fréquemment les expressions "il faut que" ou "je dois", signes d'un éloignement de leurs valeurs profondes.

Créez un climat de confiance en adoptant une posture d'écoute active. Reformulez les propos de votre collaborateur pour montrer votre compréhension, validez ses émotions sans les minimiser, et proposez des solutions concrètes. Un manager qui prend régulièrement des notes durant ces entretiens et assure un suivi des points évoqués démontre son engagement réel dans le bien-être de son équipe.

Conseil pratique : Instaurez des "espaces de discussion sur ce qui fait charge" dans vos équipes. Ces réunions mensuelles dédiées, distinctes des points opérationnels, permettent à chacun d'exprimer les sources de pression ressenties. L'objectif n'est pas de résoudre immédiatement tous les problèmes, mais de créer un espace d'expression collective où la parole se libère. Cette pratique, recommandée par l'ANACT, a démontré son efficacité pour réduire les risques psychosociaux de 30% dans les organisations qui l'ont mise en place.

Étape 3 : Agir préventivement pour éviter le burn-out dans vos équipes

Mettre en place des actions préventives immédiates contre l'épuisement professionnel

La régulation de la charge de travail constitue le levier managérial le plus direct pour prévenir le burn-out. Anticipez systématiquement les pics d'activité en intégrant les aléas dans vos plannings. Par exemple, si votre équipe commerciale connaît traditionnellement une surcharge en fin de trimestre, prévoyez dès le début du trimestre des ressources supplémentaires ou une répartition différente des tâches. La formation managériale structurée devient ici essentielle : une formation obligatoire des managers sur la compréhension des mécanismes du burn-out, la détection des signaux d'alerte et la gestion des situations de crise, incluant même la formation aux premiers secours en santé mentale pour certains collaborateurs volontaires.

Développez l'autonomie de vos collaborateurs en évitant l'infantilisation. Un collaborateur qui peut organiser son travail selon ses préférences et prendre des initiatives se sentira valorisé et engagé. Concrètement, cela signifie déléguer non seulement des tâches mais aussi des responsabilités, faire confiance dans les modalités d'exécution, et accepter que les choses soient faites différemment de votre propre méthode.

Organisez des espaces de discussion sur ce qui "fait charge" dans l'équipe. Ces réunions mensuelles, distinctes des réunions opérationnelles, permettent d'identifier collectivement les sources de stress et de co-construire des solutions. Un manager d'une équipe informatique a par exemple institué des "cafés décharge" hebdomadaires où chacun peut exprimer ses frustrations dans un cadre bienveillant, ce qui a permis de réduire significativement les tensions accumulées. Les petits-déjeuners d'équipe chaque lundi ou vendredi représentent une autre approche efficace pour maintenir le lien et détecter précocement les difficultés.

Le feedback régulier et la reconnaissance constituent des facteurs protecteurs essentiels. Reconnaissez publiquement les efforts individuels, célébrez les petites victoires, et donnez du sens au travail accompli en reliant les tâches quotidiennes aux objectifs plus larges de l'organisation. N'oubliez pas que les employés à risque élevé de burn-out sont 2,6 fois plus susceptibles de chercher un autre emploi : investir dans la reconnaissance est aussi un enjeu de rétention des talents.

Accompagner vers les ressources professionnelles pour traiter le burn-out

Lorsque les signaux d'alerte persistent malgré vos actions préventives, l'orientation vers des ressources professionnelles devient nécessaire. La médecine du travail joue un rôle central dans l'évaluation des facteurs professionnels et peut proposer des aménagements adaptés : reprise progressive, changement temporaire de poste, redéfinition des missions. Selon les recommandations de la HAS, une prise en charge pluridisciplinaire impliquant médecin traitant, médecin du travail et professionnel de santé mentale garantit les meilleures chances de rétablissement.

Facilitez l'accès à un accompagnement psychologique personnalisé. De nombreuses entreprises proposent désormais des dispositifs d'écoute et de soutien psychologique (jusqu'à 15 séances selon Qualisocial). N'hésitez pas à rappeler régulièrement l'existence de ces services et à déstigmatiser leur utilisation. Un collaborateur qui bénéficie d'un suivi psychologique adapté pourra développer des stratégies de gestion du stress efficaces et retrouver un équilibre durable. Pour un accompagnement spécialisé dans la prévention et le traitement du burn-out, l'orientation vers un psychologue clinicien expérimenté peut faire la différence.

  • Pour les arrêts de plus de 3 mois, organisez systématiquement un entretien de pré-reprise
  • Réfléchissez aux adaptations organisationnelles nécessaires pour éviter les rechutes
  • Proposez si nécessaire une réorientation professionnelle ou un bilan de compétences
  • Maintenez le lien pendant l'arrêt maladie (avec l'accord du collaborateur)
  • Préparez le retour en impliquant l'équipe dans l'accueil bienveillant

À retenir : La configuration de seuils d'alerte automatiques dans votre SIRH constitue un outil précieux pour détecter précocement les situations à risque. Paramétrez des alertes sur l'absentéisme récurrent, les retards fréquents, ou la baisse de productivité. Ces indicateurs objectifs, couplés à votre vigilance managériale, permettront d'intervenir avant que la situation ne devienne critique. Rappelez-vous que les employés à risque élevé de burn-out sont non seulement 63% plus susceptibles de prendre des congés maladie, mais aussi 23% plus susceptibles de se rendre aux urgences, avec toutes les conséquences humaines et économiques que cela implique.

La prévention du burn-out représente aujourd'hui un enjeu majeur pour les managers, avec 44% des salariés français en détresse psychologique selon le cabinet Empreinte Humaine. Cette réalité, qui place la France parmi les pays les plus touchés d'Europe, nécessite des compétences spécifiques en détection et accompagnement que tout manager peut développer avec le soutien approprié.

Natacha JEAN, psychologue clinicienne et coach près de Nantes, accompagne les managers et leurs équipes dans cette démarche préventive. Son expertise combine l'approche clinique et les techniques de coaching pour offrir un accompagnement sur-mesure, tant en individuel qu'en collectif. Que vous souhaitiez former vos managers à la détection précoce du burn-out, mettre en place des dispositifs de prévention ou accompagner un collaborateur en souffrance, son cabinet propose des solutions adaptées à vos besoins spécifiques, en présentiel dans la région nantaise ou à distance.